LA TELARAÑA

domingo, abril 4

L'ennemi

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
traversé çà et là par de brillants soleils;
le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
pour rassembler à neuf les terres inondées,
où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
trouveront dans ce sol lavé comme une grève
le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

-O douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie,
et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
du sang que nous perdons croît et se fortifie!


Charles Baudelaire.



Traduzco - ¿recreo? - mucho más que menos libremente:


Mi juventud no fue más que una tenebrosa tormenta,
atravesada aquí y allá por rayos brillantes;
los relámpagos y las lluvias hicieron tantos estragos,
que arrasaron de frutos rojos mi jardín.

Ya alcancé el otoño de la idea;
es la hora, pues, de emplear las palas y rastrillos
y reagrupar de nuevo las tierras inundadas,
donde las aguas cavan sus pozos como tumbas.

¿Quién sabe si las flores nuevas con las que sueño
encontrarán en la arena limpia de una playa
el místico alimento que les devuelva el vigor?

-¡Oh dolor! ¡Oh dolor! Devora la vida el Tiempo,
y el oscuro enemigo que nos arranca del corazón
la sangre, crece con ella y se fortalece!





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